Extrait du journal de Solomoné « Kriss » Kane
4 Augusto Anno 320
… Et ainsi se termina cette dure journée de labeur, après un juste bûcher où périt pour hérésie le prédicateur et professeur de trapèze Stefano. Son crime ? L’apologie de la tolérance envers les contaminés, des blasphèmes contre les Pèlerins, une tentative de meurtre sur un Purificatore en mission, une rébellion contre l’autorité du Doge et la perturbation d’un mariage. Sa femme, Cristella, est toujours en fuite, mais je la retrouverai elle aussi. En attendant, les hurlements de l’hérétique dévoré par les flammes ont longuement captivé la foule. En tout cas, ce fut une douce musique à mes oreilles.
J’ai été réveillé en pleine nuit par la sentinelle de la commanderie de l’Ordre. Un garde, porteur d’une missive venant directement du Contrôleur Salvatore Regiani, Ministre de la Santé, me convoquait à un rendez-vous à effet immédiat. Après une longue journée de labeur, j’aurais aimé dormir, mais cette convocation m’intriguait. Et le devoir ne saurait attendre.
5 Augusto Anno 320
Un tritonde nous a conduits jusqu’au palais Regiani, emmenant d’autres passagers avec moi. J’ai pu les interroger et en apprendre plus sur eux pendant notre attente. Il y avait un certain Donatello, un technicien au visage brûlé – probablement lors d’un accident – originaire du quartier des Fourneaux. Un autre, Léonardo di Francesco, un honnête négociant en volailles du quartier du Port, semblait avoir une certaine érudition en matière d’objets exotiques venus des autres Méga-Cités. Enfin, il y avait un gamin, Luigi di Nobilli, un orphelin recueilli par Leonzio et Annetta. Cela m’a rappelé des souvenirs, mais j’ignore ce qu’il fait là. En vérité, j’ignore pourquoi ces gens sont là avec moi. Sont-ils infectés ?
Aucun d’entre eux ne semblait malade, mais la prudence est de mise…
Nous avons été reçus par le Contrôleur Regiani. J’avoue avoir été impressionné par lui, sa réputation de médecin n’étant plus à faire. Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est la mission qu’il nous a confiée.
Il m’aurait choisi, ainsi que ces autres individus, pour une mission où la discrétion est capitale : des membres de la garde personnelle du Doge ont disparu, et le Contrôleur veut que nous les retrouvions. Les informations disponibles sont maigres, hormis le fait que leur dernière destination connue est une entrée dans les Abysses du quartier des Dortoirs, où ils enquêtaient sur un nouveau foyer d’infection de la Malédiction.
J’avais déjà entendu parler de cette rumeur il y a quelques jours, et je suis surpris de l’inaction de ma hiérarchie. À ma connaissance, aucune opération de grande envergure n’est prévue là-bas. Pourtant, si la rumeur est vraie, le risque de propagation de l’épidémie est immense.
J’ai fait part au Contrôleur de mes doutes : pourquoi la garde du Doge se charge-t-elle de cette mission ? Pourquoi ne pas avoir saisi l’Ordre des Purificatori, voire même fait appel directement à la Compagnie des Ombres, spécialisée justement dans les interventions sous notre magnifique Cité ?
Mais ce que je comprends encore moins, c’est pourquoi constituer une troupe aussi hétéroclite que celle qui m’accompagne pour retrouver ces gardes ?
Cette affaire est louche et sent l’intrigue politicienne à plein nez, comme un infecté sent la pourriture… Mais l’opportunité de découvrir un nouveau foyer d’infectés à purger est trop précieuse, je ne peux refuser cette chance. Essayons simplement de ne pas nous laisser manipuler par la noblesse.
Après l’entretien, nous nous sommes dirigés vers le quartier des Dortoirs. En sortant du Palais Regiani, je me suis rendu compte que j’avais perdu mon kriss. Heureusement, le jeune Luigi a l’œil vif et l’a rapidement retrouvé. Un brave garçon.
Après avoir emprunté le téléphérique, nous nous sommes séparés : les trois civils sont partis vers la porte nord-est afin de rechercher des informations et d’acquérir du matériel pour notre descente, tandis que je me suis rendu à la commanderie locale de l’Ordre des Purificatori.
J’y ai rencontré le Purificatore Antonio Loduca, avec qui j’ai longuement échangé. Il m’a confirmé la rumeur concernant ce nouveau foyer de contamination et, plus grave encore, il m’a parlé de l’inaction volontaire de notre hiérarchie, qui semble éviter le sujet. Pire encore, il m’a appris l’existence d’un vol de [++INFORMATION CENSURÉE++] !
C’est inimaginable ! Quelle catastrophe !
Antonio m’a aussi parlé d’un ancien Purificatore, Ametisto, qui pourrait nous renseigner pour nous orienter dans le sous-monde.
Je lui ai promis de le tenir informé de toute découverte sur la propagation de la maladie, mais aussi sur ce vol.
J’ai rejoint le groupe. Nous avons pris la direction de la porte nord des bas-fonds. Nous sommes descendus par la porte des Abysses et j’ai pu rencontrer le légendaire frère Ametisto. Cet ancien Purificatore est une légende : il fait partie des rares à avoir combattu une Chimère Noire et à avoir survécu. Malheureusement, il a perdu la vue lors de ce combat.
Frère Ametisto nous a renseignés, tout comme son « acolyte », un certain Raoul, un type louche. Cet individu douteux nous a donné le nom d’un contact à la porte abyssale Est du Dortoir. Je leur ai laissé autant d’argent que je pouvais.
Par les Pèlerins, quelle misère de voir un ancien héros réduit à survivre au milieu de cloportes, dans un cloaque…
Alors que nous allions descendre dans la porte des Abysses à l’Est des Dortoirs, j’ai rencontré deux hommes de mon « ami » Il Serpente… Je n’avais pas de temps à perdre et le Contrôleur m’avait demandé d’être discret. La simple menace de mon lance-flammes a suffi à faire fuir ces misérables. Mais ils reviendront. Ils reviennent toujours… jusqu’à ce que je les refroidisse… ou les brûle.
Nouveau cloaque puant, nouveaux parasites vivant sous terre.
Nous avons rencontré le contact, un certain Luca Rouli, une vermine locale. Au final, il ne savait pas grand-chose et nous a indiqué une vieille pouilleuse vivant dans une cabane branlante : Lucia.
Cette vieille crottée s’est pourtant révélée être une source d’informations précieuse : elle nous a confié qu’un groupe important d’infectés, venus d’en dehors de la Méga-Cité, était récemment arrivé dans les Abysses ! Ils seraient passés par "les Quais", un mystérieux port souterrain situé sous le quartier du Port. Un de ses amis, Ernesto « le Vieux », en saurait plus.
J’ai naturellement essayé de lui mettre la pression, mais elle n’en savait pas plus.
En sortant des Abysses pour nous rendre vers les Quais souterrains, j’ai remarqué une agitation grandissante parmi la populace. Une hostilité sourde à ma présence. Un de ces imbéciles a même osé affirmer que les lois de la Cité de Venzia ne s’appliquaient pas dans leur trou puant.
Les pauvres fous !
Tout ce qui est à portée de mon lance-flammes est à la portée de la Justice que je représente.
Le moindre tir de Purga suffirait à faire brûler leurs misérables taudis. Une purge nécessaire. Une mesure d’hygiène pour purifier notre magnifique Cité. Une miséricorde… même pour eux.
Comme il est écrit dans les enseignements des Purificatori :
« Là où sont les ténèbres, j’apporterai la Lumière. »
Nouvelle plongée dans les ténèbres du sous-monde. Nous avons enfin atteint les « Quais », ce mystérieux port souterrain sous le port de la Cité lui-même. Comment une telle merveille architecturale est-elle possible ? Comment une immense caverne et sa mer intérieure peuvent-elles exister sous le poids de l’océan ?
Mais les talents des Pèlerins nos sauveurs étaient incroyables. C’est pour cela que nous les vénérons.
Le gamin Luigi a obtenu des informations pour trouver Ernesto « le Vieux ». Nous avons emprunté une barque pour traverser cette mer intérieure. L’expérience fut désagréable : pas de soleil scintillant sur les flots, pas de reflets lunaires argentés, juste les mouvements furtifs de créatures immondes à la peau blafarde et à la chair froide, ondulant sous la surface huileuse et sombre des flots calmes.
Sous mes pieds, les ténèbres. Tout autour de nous, les ténèbres. Loin au-dessus de nos têtes, la voûte elle-même perdue dans les ténèbres.
Je déteste cet endroit.
Mais nous avons fini par trouver Ernesto. Un misérable pouilleux vivant dans une faille rocheuse comme un rat. Il a bien vu passer un groupe de soldats il y a quelques jours, et allait nous révéler leur destination quand nous avons découvert la vérité…
Par les couilles des Pèlerins, il est INFECTÉ !
Campagne de thefada - Journal de Solomoné « Kriss » Kane, Purificatore
Re: Campagne de thefada - Journal de Solomoné « Kriss » Kane, Purificatore
Extrait du journal de Solomoné « Kriss » Kane
J’ai donc procédé à l’interrogatoire du vieux Ernesto. Je lui ai offert deux possibilités : soit il me livrait toutes les informations en sa possession, et je lui offrirais une mort douce et indolore en lui faisant ingérer une dose de sauge mortifère ; soit il refusait toute coopération, et je n’aurais d’autre choix que d’utiliser des méthodes plus salissantes, avant de le faire brûler vif…
Comme souvent dans ce genre de cas, le condamné a préféré la coopération. Nous lui avons donc payé un dernier bon repas, puisant dans nos ressources et dans ce que Luigi et Léonardo étaient capables de dénicher. Je discutais en même temps avec lui, cherchant des informations susceptibles de faire progresser notre quête, tout en tentant d’en apprendre plus sur lui. Son nom est Ernesto Galiveri, et sa famille vit dans le quartier des Dortoirs. Je me suis engagé à leur apprendre que celui-ci était mort dans l’honneur, afin de protéger notre magnifique Cité de Venzia, et de leur faire don de cinq ducats.
Il nous a aussi appris de nombreuses informations intéressantes : un groupe d’infectés serait arrivé il y a trois jours par les Quais. L’un d’entre eux serait mort juste après son arrivée. Les habitants du sous-monde l’ont dépouillé de ses affaires, puis ont brûlé son cadavre. Sage décision. Le groupe serait ensuite parti par la porte B7. Des miliciens locaux sont venus enquêter. Ernesto nous donna ensuite un papier, qu’il avait récupéré sur le cadavre. Si l’écriture au recto était indéchiffrable, une carte se trouvait au verso. Donatello, notre gueule brûlée, a commencé à conduire le groupe vers la porte, tandis que je passais ses derniers instants auprès d’Ernesto. Une fois mort, je brûlai son cadavre et ses maigres possessions, pour purifier l’endroit. Puisse les Pèlerins guider son âme dans l’au-delà.
J’ai rejoint le groupe devant la porte B7. Celle-ci était gardée par deux miliciens, qui semblaient faire des difficultés à mes collègues. Je m’apprêtai à les brûler vifs pour passer en force et gagner du temps, lorsque je fus arrêté. Les miliciens nous laissèrent passer, tout en nous indiquant qu’ils « garderaient un œil sur nous ».
Quelle bonne blague ! Pauvres fous !
Nous nous enfonçâmes donc dans les profondeurs labyrinthiques des couloirs. L’endroit était chaud, humide, et plus ou moins bien éclairé. Peu de temps après, nous fûmes apostrophés par un individu dans un couloir latéral. Celui-ci semblait vouloir nous dire quelque chose, et nous demanda de nous rapprocher.
Sur mes gardes, je m’approchai donc du citoyen, suivi de mes alliés, lorsque nous fûmes pris en embuscade par des malandrins sortant de bouches de tuyaux sur les côtés du tunnel !
J’appuyai instantanément sur la gâchette de ma Purga, et mon lance-flammes libéra son souffle ardent, rôtissant l’hérétique dans son tuyau comme un porc dans un four. Ses hurlements d’agonie ne stoppèrent pas les autres, qui s’attaquèrent au reste du groupe. Nous nous battîmes vaillamment, et je fus positivement surpris du courage de mes alliés. Je grillai un second hérétique avec quelques difficultés, craignant de brûler accidentellement un membre du groupe, puis chargeai dans la mêlée avec mon épée. Nous mîmes en fuite un troisième, tandis que le quatrième lâcha son arme et se rendit.
Après un bref interrogatoire, je conclus que l’individu ne possédait aucune information valable, et c’est donc tout naturellement que je rendis mon jugement. Celui-ci fut promptement exécuté par le jeune Luigi, qui égorgea le malandrin : un juste châtiment pour s’être attaqué à d’honnêtes citoyens de la merveilleuse Cité et à l’un de ses Purificatores.
Nous continuâmes notre chemin dans ce labyrinthe à la chaleur étouffante, guidés par l’expertise de Donatello et la carte. Heureusement que nous avions la gueule brûlée avec nous ! Ses connaissances du sous-monde furent irremplaçables. Nous sommes finalement arrivés près d’un autel dédié aux Pèlerins (bénis soient-ils), et Donatello découvrit qu’une carte de cette partie du sous-monde avait été arrachée et jetée plus loin. Il prit le temps de la remettre en place, comme le veut l’usage dans son corps de métier. J’apprécie grandement ceux qui sont consciencieux dans leurs devoirs.
Peu de temps après, alors que nous évoluions dans les tunnels, Donatello découvrit un passage secret, dissimulé sous des plaques de tôle au mur. Nous nous infiltrâmes dans le boyau, plus sombre et humide.
Nous dûmes traverser une partie du tunnel immergée et, lorsque nous en sommes ressortis, nous avons découvert quatre cadavres : deux infectés ainsi que deux gardes du Doge. Les cadavres avaient commencé à gonfler et pourrir dans l’humidité ambiante. Tout semblait indiquer qu’ils s’étaient entretués, mais certaines blessures sur les corps des gardes du Doge ressemblaient à des blessures infligées par une bête sauvage…
… et certaines parties avaient été dévorées. Aucun doute pour moi : il s’agit de blessures infligées par un Perverti, un infecté par la Malédiction, ayant muté jusqu’à se transformer en une créature horrible et assoiffée de sang !
Je récupérai alors les écussons des gardes, afin de fournir la preuve de leur mort.
Après avoir récupéré le matériel qui pourrait nous être utile sur les corps, nous nous remîmes en chemin. Arrivés à un embranchement, nous avons choisi une direction. Nous avons fini par tomber sur le lieutenant Valério, l’officier dirigeant le groupe des gardes du Doge. Il était grièvement blessé, et, après avoir regardé ses plaies, clairement condamné. C’est un miracle qu’il soit encore en vie.
Celui-ci nous raconta alors que son groupe avait été attaqué et massacré par une monstruosité, et qu’il était le seul « survivant ». Il nous dit alors de retourner voir le Contrôleur Regiani et de lui dire que « la porte se trouve bien ici ».
Effectivement, il était adossé à une porte étrange, couverte de symboles indéchiffrables.
Il donna aussi à Léonardo un étrange bracelet, incrusté de gemmes. Ces gemmes semblèrent réagir à la présence de Léonardo, et se mirent à luire. Celui-ci sortit alors de sa poche une autre gemme, qui, elle aussi, luisait faiblement.
Nous fûmes tous très intrigués, et une question simple se posa : qu’est-ce qui se trouvait derrière la porte ?
Valério nous dit alors que ses hommes et lui n’avaient pas pu l’ouvrir. Poussés par la curiosité, nous tentâmes de l’ouvrir, et, après une série de bruits sourds et étranges, la porte s’ouvrit !
C’est alors que Valério, stupéfait, déclara d’une voix blanche : « vous êtes proto-compatibles ! »
Au même instant, une présence se fit entendre derrière nous : une dizaine de miliciens apparurent, aux mines patibulaires et à l’équipement hétéroclite. Deux d’entre eux portaient des Purga. Quelle hérésie ! Le port de ces armes sacrées est réservé aux Purificatores ! Le vol et l’utilisation de telles armes ne prévoit qu’un seul châtiment : la mort.
Je tentai de les intimider en leur rappelant que j’étais un agent de la Cité, et en leur ordonnant de ne pas avancer. Ils hésitèrent un instant, mais, poussés par leur chef, ils se mirent à avancer vers nous, plus prudemment et moins sûrs d’eux. Mes compagnons, pendant ce temps, s’engouffrèrent dans l’étrange salle ouverte dont je ne pus voir qu’un bref aperçu, faisant face aux traîtres en les menaçant de ma propre Purga.
Les miliciens continuèrent d’avancer, leurs porteurs de Purga en tête, pointant leurs armes sur moi. Les imbéciles ! La parfaite connaissance de mon arme m’offrait un avantage sur ces minables !
Lorsqu’ils furent arrivés à portée optimale, d’une main, j’appuyai sur la gâchette, créant dans ce couloir humide un véritable mur de flammes. Je ne pris pas le temps d’apprécier le spectacle, les cris de douleur des hérétiques m’assurant que ma technique avait réussi. J’attrapai le lieutenant Valério par le col et le tirai dans la pièce, avant de refermer la porte le plus vite possible et de m’adosser à elle.
Je pris alors conscience de l’étrangeté de la pièce, bardée de technologie inconnue pour moi, rappelant les reliques des temples des Pèlerins. Au milieu de cela, mes compagnons étaient en train d’examiner des paires de gants sur des piédestaux, commentant leurs couleurs…
… comme des donzelles dans un magasin de vêtements !
Mais par les couilles des Pèlerins, qu’est-ce qu’ils branlent !
J’ai donc procédé à l’interrogatoire du vieux Ernesto. Je lui ai offert deux possibilités : soit il me livrait toutes les informations en sa possession, et je lui offrirais une mort douce et indolore en lui faisant ingérer une dose de sauge mortifère ; soit il refusait toute coopération, et je n’aurais d’autre choix que d’utiliser des méthodes plus salissantes, avant de le faire brûler vif…
Comme souvent dans ce genre de cas, le condamné a préféré la coopération. Nous lui avons donc payé un dernier bon repas, puisant dans nos ressources et dans ce que Luigi et Léonardo étaient capables de dénicher. Je discutais en même temps avec lui, cherchant des informations susceptibles de faire progresser notre quête, tout en tentant d’en apprendre plus sur lui. Son nom est Ernesto Galiveri, et sa famille vit dans le quartier des Dortoirs. Je me suis engagé à leur apprendre que celui-ci était mort dans l’honneur, afin de protéger notre magnifique Cité de Venzia, et de leur faire don de cinq ducats.
Il nous a aussi appris de nombreuses informations intéressantes : un groupe d’infectés serait arrivé il y a trois jours par les Quais. L’un d’entre eux serait mort juste après son arrivée. Les habitants du sous-monde l’ont dépouillé de ses affaires, puis ont brûlé son cadavre. Sage décision. Le groupe serait ensuite parti par la porte B7. Des miliciens locaux sont venus enquêter. Ernesto nous donna ensuite un papier, qu’il avait récupéré sur le cadavre. Si l’écriture au recto était indéchiffrable, une carte se trouvait au verso. Donatello, notre gueule brûlée, a commencé à conduire le groupe vers la porte, tandis que je passais ses derniers instants auprès d’Ernesto. Une fois mort, je brûlai son cadavre et ses maigres possessions, pour purifier l’endroit. Puisse les Pèlerins guider son âme dans l’au-delà.
J’ai rejoint le groupe devant la porte B7. Celle-ci était gardée par deux miliciens, qui semblaient faire des difficultés à mes collègues. Je m’apprêtai à les brûler vifs pour passer en force et gagner du temps, lorsque je fus arrêté. Les miliciens nous laissèrent passer, tout en nous indiquant qu’ils « garderaient un œil sur nous ».
Quelle bonne blague ! Pauvres fous !
Nous nous enfonçâmes donc dans les profondeurs labyrinthiques des couloirs. L’endroit était chaud, humide, et plus ou moins bien éclairé. Peu de temps après, nous fûmes apostrophés par un individu dans un couloir latéral. Celui-ci semblait vouloir nous dire quelque chose, et nous demanda de nous rapprocher.
Sur mes gardes, je m’approchai donc du citoyen, suivi de mes alliés, lorsque nous fûmes pris en embuscade par des malandrins sortant de bouches de tuyaux sur les côtés du tunnel !
J’appuyai instantanément sur la gâchette de ma Purga, et mon lance-flammes libéra son souffle ardent, rôtissant l’hérétique dans son tuyau comme un porc dans un four. Ses hurlements d’agonie ne stoppèrent pas les autres, qui s’attaquèrent au reste du groupe. Nous nous battîmes vaillamment, et je fus positivement surpris du courage de mes alliés. Je grillai un second hérétique avec quelques difficultés, craignant de brûler accidentellement un membre du groupe, puis chargeai dans la mêlée avec mon épée. Nous mîmes en fuite un troisième, tandis que le quatrième lâcha son arme et se rendit.
Après un bref interrogatoire, je conclus que l’individu ne possédait aucune information valable, et c’est donc tout naturellement que je rendis mon jugement. Celui-ci fut promptement exécuté par le jeune Luigi, qui égorgea le malandrin : un juste châtiment pour s’être attaqué à d’honnêtes citoyens de la merveilleuse Cité et à l’un de ses Purificatores.
Nous continuâmes notre chemin dans ce labyrinthe à la chaleur étouffante, guidés par l’expertise de Donatello et la carte. Heureusement que nous avions la gueule brûlée avec nous ! Ses connaissances du sous-monde furent irremplaçables. Nous sommes finalement arrivés près d’un autel dédié aux Pèlerins (bénis soient-ils), et Donatello découvrit qu’une carte de cette partie du sous-monde avait été arrachée et jetée plus loin. Il prit le temps de la remettre en place, comme le veut l’usage dans son corps de métier. J’apprécie grandement ceux qui sont consciencieux dans leurs devoirs.
Peu de temps après, alors que nous évoluions dans les tunnels, Donatello découvrit un passage secret, dissimulé sous des plaques de tôle au mur. Nous nous infiltrâmes dans le boyau, plus sombre et humide.
Nous dûmes traverser une partie du tunnel immergée et, lorsque nous en sommes ressortis, nous avons découvert quatre cadavres : deux infectés ainsi que deux gardes du Doge. Les cadavres avaient commencé à gonfler et pourrir dans l’humidité ambiante. Tout semblait indiquer qu’ils s’étaient entretués, mais certaines blessures sur les corps des gardes du Doge ressemblaient à des blessures infligées par une bête sauvage…
… et certaines parties avaient été dévorées. Aucun doute pour moi : il s’agit de blessures infligées par un Perverti, un infecté par la Malédiction, ayant muté jusqu’à se transformer en une créature horrible et assoiffée de sang !
Je récupérai alors les écussons des gardes, afin de fournir la preuve de leur mort.
Après avoir récupéré le matériel qui pourrait nous être utile sur les corps, nous nous remîmes en chemin. Arrivés à un embranchement, nous avons choisi une direction. Nous avons fini par tomber sur le lieutenant Valério, l’officier dirigeant le groupe des gardes du Doge. Il était grièvement blessé, et, après avoir regardé ses plaies, clairement condamné. C’est un miracle qu’il soit encore en vie.
Celui-ci nous raconta alors que son groupe avait été attaqué et massacré par une monstruosité, et qu’il était le seul « survivant ». Il nous dit alors de retourner voir le Contrôleur Regiani et de lui dire que « la porte se trouve bien ici ».
Effectivement, il était adossé à une porte étrange, couverte de symboles indéchiffrables.
Il donna aussi à Léonardo un étrange bracelet, incrusté de gemmes. Ces gemmes semblèrent réagir à la présence de Léonardo, et se mirent à luire. Celui-ci sortit alors de sa poche une autre gemme, qui, elle aussi, luisait faiblement.
Nous fûmes tous très intrigués, et une question simple se posa : qu’est-ce qui se trouvait derrière la porte ?
Valério nous dit alors que ses hommes et lui n’avaient pas pu l’ouvrir. Poussés par la curiosité, nous tentâmes de l’ouvrir, et, après une série de bruits sourds et étranges, la porte s’ouvrit !
C’est alors que Valério, stupéfait, déclara d’une voix blanche : « vous êtes proto-compatibles ! »
Au même instant, une présence se fit entendre derrière nous : une dizaine de miliciens apparurent, aux mines patibulaires et à l’équipement hétéroclite. Deux d’entre eux portaient des Purga. Quelle hérésie ! Le port de ces armes sacrées est réservé aux Purificatores ! Le vol et l’utilisation de telles armes ne prévoit qu’un seul châtiment : la mort.
Je tentai de les intimider en leur rappelant que j’étais un agent de la Cité, et en leur ordonnant de ne pas avancer. Ils hésitèrent un instant, mais, poussés par leur chef, ils se mirent à avancer vers nous, plus prudemment et moins sûrs d’eux. Mes compagnons, pendant ce temps, s’engouffrèrent dans l’étrange salle ouverte dont je ne pus voir qu’un bref aperçu, faisant face aux traîtres en les menaçant de ma propre Purga.
Les miliciens continuèrent d’avancer, leurs porteurs de Purga en tête, pointant leurs armes sur moi. Les imbéciles ! La parfaite connaissance de mon arme m’offrait un avantage sur ces minables !
Lorsqu’ils furent arrivés à portée optimale, d’une main, j’appuyai sur la gâchette, créant dans ce couloir humide un véritable mur de flammes. Je ne pris pas le temps d’apprécier le spectacle, les cris de douleur des hérétiques m’assurant que ma technique avait réussi. J’attrapai le lieutenant Valério par le col et le tirai dans la pièce, avant de refermer la porte le plus vite possible et de m’adosser à elle.
Je pris alors conscience de l’étrangeté de la pièce, bardée de technologie inconnue pour moi, rappelant les reliques des temples des Pèlerins. Au milieu de cela, mes compagnons étaient en train d’examiner des paires de gants sur des piédestaux, commentant leurs couleurs…
… comme des donzelles dans un magasin de vêtements !
Mais par les couilles des Pèlerins, qu’est-ce qu’ils branlent !